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La mère des Eaux, Mamiwata

La mère des Eaux, Mamiwata

Redoutable Mère des Eaux, dont le nom africanisé de l’anglais passe de « Mother water », en « Mommy Water », puis en « Mammy water », et pour finir  en « Mami Wata ».

Mi-femme mi-poisson, elle peut aussi bien être déesse du culte vodun au Togo et au Bénin, qu’esprit de l’eau craint par les pêcheurs du Nigeria et du Ghana, revenante anthropophage ou patronne des prostituées à Kinshasa.

Mamiwata est une déesse polymorphe, représentant le croisement de trois mondes : animal, terrestre et de l’au-delà.

Vénérée, crainte, idéalisée, Mamiwata est considérée comme divinité «panafricaine», par de nombreuses cultures et peuples (les Ibo du Nigeria, les Ewé du Bénin, les Bamiléké du Cameroun et le Kongo de la RDC). alors même qu’elle soit l’objet de cultes propres aux symboles typiques des ethnies ou des différents milieux sociaux.

Mamiwata est une créature hybride, étrangère aux hommes comme à la nature, que contrairement aux autres mythes des origines, n’est pas symbolisée par des éléments naturels tels que l’eau, la terre ou le feu, car elle est la nature elle-même.

Selon certains chercheurs la particularité de son essence est strictement liée à la localisation de son culte, plus fortment ancré sur la zone côtière, où elle fait sa première apparition au XV siècle, à l’arrivée des premiers Européens, qui introduirent la figure de la sirène, à la fois par les récits de marin, mais aussi par les sculptures ornant les proues des navires.

Une autre image, « la charmeuse de serpents », (s’inspirant aux déesses hindoues), fut emmenée en Afrique de l’Ouest au milieu du XIX siècle.

Cette image, représentant une femme puissante et aux traits africains, incarnait en même temps les croyances sacrées liées à la figure du serpent et celles des divinités acquatiques.

Mamiwata devient l’allégorie du pouvoir coloniale et de sa violence, telle que les Européens venus par l’eau. Elle est associée à la débauche et à tout ce qui concerne la sexualité, en passant par la séduction, l’infidélité, la polygamie, mais aussi le SIDA, car son mythe n’arrête pas de se nourrir de changements et de symboles.

Associable donc aux invasions européennes, elle devient en quelque sorte aussi le symbole de l’esclavage et de la traite négrière. Emportée avec la tradition vodun, on retrouve son culte au-delà de l’Atlantique, en particulier dans ceux du Candomblé au Brésil, où elle sera baptisée Yemanja, ou dans ceux de la Santeria à Cuba, sous le nom de Yemoya.